Lancar tocard!

Publié le par Castorprod

Le président des jeunes Pop' a cité Pierre Laval et comparé les militants UMP à Guy Môquet. L'objectif de faire parler de lui est rempli, mais au prix de grosses erreurs historiques.

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On ne change pas une stratégie qui gagne. Ce mardi matin, Benjamin Lancar, patron des jeunes UMP, a publié sur son blog une note, qui a immédiatement reçu le bruit que le jeune élu attendait.

 

Dans celle-ci, il compare les jeunes militants du parti présidentiel, qui ont soutenu l'actuelle réforme des retraites, à Guy Môquet. En substance, cela donne: le militant communiste, avec ses jeunes camarades, s'est opposé à la tyrannie soutenue par la population. Tout comme, les Jeunes Pop' ont eu le courage de ne pas sombrer "dans la facilité", à savoir les grèves et les blocages.  

 


En matière de com', Benjamin Lancar doit tout à Nicolas Sarkozy. Le chef de l'Etat a, à plusieurs reprises, niché au coeur de ses discours des références aux symboles de la gauche (Môquet, Blum, Jaurès). En janvier 2007, il évoque Jean Jaurès lors du congrès de l'UMP. Cries d'orfraie à gauche et reprises par dizaines de son discours. La recette fonctionne tellement bien qu'il réutilise la même quelques jours après lors d'un déplacement de campagne en Aveyron.  

 


Coup de com'

Benjamin Lancar est un Sarkozy 2.0. Il remet au goût du jour les "vieilles" recettes. Lui aussi détourne les références de la gauche. En octobre 2008, il lance ainsi une campagne sur le thème "Nous sommes les révolutionnaires" et taxe la gauche de conservatrice. L'inversement des valeurs agace et fait parler.  


Avec cette note de blog, le jeune conseiller régional fait encore mieux. Il invente la deuxième lame. A la référence -émoussée- à Guy Môquet, il en ajoute une autre, plus originale, à Pierre Laval, surtout connu pour avoir été le numéro 2 du régime de Vichy. Même si Lancar ne fait pas référence au passé de collabo de Laval, mais à son rôle au sein des gouvernements de la première moitié des années 1930, sa note entraîne immédiatement des torrents de critiques et d'insultes, et donc des reprises.  

Le patron des jeunes Pop' le sait. C'est pour cela qu'il glisse cette référence à Laval dans une démonstration qui ne le nécessitait pas. Il lui attribue ainsi "le redressement économique de la France en 1932."  


Evidemment hors-sujet, cette remarque est, surtout, historiquement fausse. Pierre Laval n'a jamais redressé la situation économique du pays en 1932. Cette année-là, la France subissait les premiers effets de la crise de 1929. En réaction à ce billet, le blog Econoclaste a d'ailleurs publié un graphique, qui illustre l'ineptie du propos de Benjamin Lancar. On y voit la production industrielle française amorcer un léger rebond en 1932, rebond insuffisant pour permettre à la France de faire jeu égal avec les autres puissances mondiales. Puis baisser petit à petit jusqu'en 1935.  


Erreurs historiques

Benjamin Lancar voulait peut-être parler de 1935, comme il le suggère au Nouvelobs.com. Mais là encore, difficile de parler de redressement économique. La politique déflationniste menée par Laval a aggravé la crise. En conduisant une politique de rigueur et de réduction du déficit, il a entraîné le développement d'une profonde crise sociale.  

Dans les commentaires du blog de Benjamin Lancar, un internaute cite à raison un extrait de l'Histoire du XXe siècle de Serge Bernstein et Pierre Milza: "En diminuant les dépenses de l'État, par exemple par la réduction du traitement des fonctionnaires, on espère à la fois réduire le déficit du budget [...] et entraîner une baisse générale des prix. Cette politique atteint son sommet en 1935 avec les décrets-lois Laval [...] Cette politique n'a d'autre effet que d'aggraver la crise en compriment encore le marché extérieur."  

La politique de Pierre Laval aboutira d'ailleurs à la victoire du Front populaire en 1936.  

Malgré cette grossière erreur historique, Benjamin Lancar a réussi à faire parler de lui. Une nouvelle fois. A moins que ce ne soit la révélation du plan de Nicolas Sarkozy pour la prochaine campagne présidentielle: politique de déflation, réduction du déficit, augmentation des impôts, pour finir sur une victoire massive de la gauche.  

 

 

sources  lexpress.

 

 

 

 

 

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